Être déjà venu.
Avoir senti la justesse du soin
et guéri d’années de tension solaire.

Quatre saisons plus tard,
gravir à nouveau la colline aux quatre vents
Douter un chouïa : « La magie sera-t-elle au rendez-vous ?»
Sourires, hug, sourires, silence.
Les doigts se posent instantanément
sur le sujet du moment.
La voix douce suit, tombe pile,
décrit l’état présent, perce déjà au plus profond.

La main constate, en passant, que l’ancienne tension n’est plus,
qu’elle n’est pas le sujet du jour.
Le plat du jour, c’est autre chose et ça l’occupe drôlement, Cécile !
Minutieusement, à deux doigts posés sur deux points,
comme une garagiste consciencieuse (il y en a),
elle examine et ajuste la mécanique de mon moteur
pour lui donner toute sa puissance avant le grand départ.
Car elle sent que « Ca y est presque », que j’y suis presque, à deux doigts.
« Comme l’Aleph » explique-t-elle « Le grand vide inspiré avant l’action».
Elle sait que je le sais déjà, que le choix attends au bout de mes doigts.
C’est rassurant que les siens et sa voix confirment ça.
Comme si elle donnait la pichenette qu’il manque pour lâcher, me lâcher.
Allez Vrooom, Vrooom ! C’est parti. En avant la musique !

Comment fera t’elle l’année prochaine
Pour me percer l’âme à nouveau ?
Ce coup-ci, je n’aurais aucune inquiétude.
Car j’ai compris son truc.
C’est fastoche :
en posant ses doigts,
elle pose la sienne, d’âme
au plus près de celle qu’elle masse,
au plus près de la tension du jour.
Elle trouvera et examinera aussitôt
mon nouveau « plat du jour de l’année ».
Je raconterai peut-être… ou pas.
Ce que je peux rajouter aujourd’hui
c’est que ma bien aimée
ma Médecine douce, cursus Yi King
a, c’est justice, subi le même sort :
les doigts pointés au plus juste,
là où c’est tendu, au plus tendre d’elle,
en-dessous de l’apparente décontraction.
Ça l’a gentiment décontenancée,
boule-tourneboulée même.
Elle a quitté Cécile en disant « Mon amour, mon amour, mon amour ! »
Jamais vu ça, moi !
Et puis, le lendemain, reboostée comme jamais.
elle s’est mise à ériger, à tout-va, des autels bouddhistes !
Innovation quotidienne sous le grand parasol.
« Pour mobiliser les énergies» m’explique-t-elle,
sans même lever le nez de ses traités de QI Gong
et du Code de la route.
Car, grande décision, (repoussée depuis dix ans)
elle s’est enfin inscrite pour le permis :
celui de conduire sa prochaine vie.
Allez Vrooom Vrooom Vrooom !
C’est reparti pour un tour de soleil, une révolution en somme.
Cécile sait et sent beaucoup de choses, parfois secrètes.
et sait les offrir à autrui avec amour.
«La mesure de l’amour, c’est d’aimer sans mesure» disait Augustin.
Elle fait ça en soignant.